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Lakhdaria, ex palestro 
 
 
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Chroniques

14 janvier 2008  
 
Boumerdès,Draâ El Mizan, Tizi Ouzou 
 
Le triangle impossible 
 
Puisque les lycées sont en grève, retournons sur les bancs désertés de l’école. Asseyons-nous, plaçons une carte d’Algérie sur le tableau noir de l’éducation et observons. Pas le haut du tableau où chaque jour des Algériens tentent d’échapper à la carte en se jetant dans les mers du Nord mais au milieu, là où vit une bonne partie du pays, condamnés à perpétuité à y vivre pour un délit qu’ils n’ont pas commis. Prenons trois points. Le premier à Boumerdès, le second à Tizi Ouzou et le troisième à Draâ El Mizan. Relions ces trois points. Ils forment un triangle, forme géométrique qui pose des problèmes. Chaque jour, un militaire ou un garde communal s’y fait tuer, chaque jour, on peut y assister à des mitraillages de commissariats, à des embuscades meurtrières et à des bombes qui explosent au passage. Un triangle de quelques kilomètres de côté, qui représente la tache noire du discours triomphaliste sur le terrorisme. Pourquoi ? Les spécialistes ont la réponse. Le relief. Revoyons la carte et remarquons que l’Algérie n’est pas le Tibet. Pourquoi dans ce triangle ? Les spécialistes avancent que depuis que les gendarmes sont partis, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres. Pourquoi alors cette guerre à Boumerdès ou Zemmouri, là où les gendarmes ne sont jamais partis ? Pourquoi ne pas en finir une fois pour toutes ? Les mêmes spécialistes affirment qu’il y a des civils et qu’il est difficile d’en finir. Pourquoi ne pas en finir avec les spécialistes ? Parce qu’ils sont là pour tout expliquer, même l’inexplicable. Mais la situation est ce qu’elle est, le débat sur la sécurité absent et la réalité aussi têtue qu’un clan de l’Est. Non seulement l’Algérie subit un terrorisme permanent, mais elle exporte du terrorisme au Mali et en Mauritanie, après l’avoir exporté en Europe. Un jour, les autres pays vont sérieusement se fâcher avec l’Algérie. 
 
Chawki Amari 
el watan 
 
Hakim Laâlam  
22/10/2007 
 
«Grande Mosquée d’Alger. Les Iraniens bien placés pour remporter le marché.»  
 
Chiite alors ! 
 
Mokhtar Belmokhtar ! Habituez-vous vite à ce prénom et à ce prénom. Ou réhabituez-vous, c’est selon. Mon petit doigt non enduit au henné me dit que nous allons en entendre parler souvent dans les prochains jours. Et sur le même mode que les feuilletons délirants intitulés «El Para», «El Para II, le retour», «El Para III, la disparition», «Hassan Hattab», «Hassan Hattab, II, les héros reviennent cette semaine», «Hassan Hattab III, mais où est donc passée la 7e compagnie du GSPC ?» Voilà donc qu’on nous dit qu’un procès Belmokhtar devait se tenir mercredi dernier à Ghardaïa. Et que ce procès a finalement été renvoyé en l’absence de l’accusé. Dans la foulée, on apprend aussi que des tractations sont en cours pour convaincre Belmokhtar de se rendre. La suite, je vous la donne, les yeux fermés : une équipe de la télévision triée sur le volet en bois de la langue officielle va se déplacer au Sud. Elle va rencontrer Belmokhtar. Le sieur va se raconter et se la raconter. Peut-être nous révélera-t-il lui aussi qu’il a une mère française ou originaire de Papouasie Nouvelle-Guinée. Il dira sa lassitude à trucider du douanier entre les dunes et les ergs et sa conviction profonde qu’il ne lui reste plus qu’une seule issue, remonter sur Alger, se rendre aux autorités et aider Abdekka à réussir le fabuleux pari de la réconciliation nationale. Ensuite, un ministre de la République ira à Paris annoncer triomphalement la reddition de Mokhtar Belmokhtar et l’application à ce tango des lois d’amnistie et de réinsertion. Quelque temps après, un autre ministre viendra dire tout son désarroi de ne pas savoir où se trouve Si Mokhtar et affirmer dans le même temps que le gus ne peut prétendre au statut 24 carats de repenti. Je prends le pari que c’est là le scénario du film, le pitch très probable de la prochaine valse des tangos à laquelle le régime veut nous convier. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L. 
P. S. : J’étais ce jeudi à Tizi-Ouzou. A la librairie Multilivres Cheikh pour une rencontre-dédicace du coffret «Pousse avec eux !». J’en reviens comme à chaque fois. Un bonheur intense d’avoir été ainsi délicieusement plongé dans un espace entièrement et intelligemment dédié à l’écriture et aux bouquins. Cet endroit et l’équipe qui l’anime sont la preuve que l’on peut faire beaucoup en direction des jeunes et des moins jeunes. Leur offrir d’autres perspectives que la harga ou la ceinture bardée d’explosifs. Forcément autre chose qu’un discours dans lequel on passe 11 minutes à engueuler les jeunes et à les traiter d’assistés. Merci Omar pour cet après-midi à Tizi ! 
Le fumeur de thé 
 
Par Hakim Laâlam  
27.09.2007 

PATATES CHAUDES !
 
 
Bientôt un grand débat national sur les harragas. En parallèle, le gouvernement devrait très vite annoncer des aides d’urgence aux jeunes clandestins.  
 
 
Des gilets de sauvetage ? 
 
J’ai failli avaler ma pomme de terre canadienne de travers (ce qui peut mener à une mort quasi certaine vu que ce légume est plus proche du bois que de la mousseline légère) lorsque j’ai lu l’information. Un office national pour la pooooooooooomme de terre ? (A lire avec une intonation mêlant hystérie et colère) Ben ouais mon coco ! C’est ce qu’ils viennent de nous pondre. C’est la dernière trouvaille des autorités. Bonté divine ! Déjà qu’avant, je la regardais respectueusement sur l’étal du marchand. Je parlais doucement au vendeur pour ne pas perturber la sieste du beau tubercule. Et lorsqu’il m’arrivait d’en acheter quelques chers spécimens, je les posais doucement sur le siège avant de ma voiture, je leur mettais la ceinture de sécurité et leur disait «vous» sur le trajet jusqu’à chez moi. Une fois à la maison, j’obligeais toute ma famille à prier ensemble, à supplier Dieu que mes pommes de terre cuisent vite, sans trop souffrir et j’allumais même un cierge à leur mémoire. Ça, c’était donc avant l’office. Maintenant que la pomme de terre se voit dédier un office national rien que pour elle, que vais-je bien pouvoir trouver pour être à la hauteur de la réputation de cette méga-star ? Vous imaginez un peu ? Y a que les machins importants, les sujets lourds, les thèmes sacrés qui bénéficient de l’attribution pleine et entière d’un office. L’office de répression du banditisme. L’office de répression du terrorisme. L’office des publications universitaires. L’office national des statistiques. L’office de géostratégie. L’office de recherche en astrologie et géophysique. L’office national des énergies renouvelables. L’office de l’immigration et des migrations des populations. Que du beau monde. Que du… gratin. Et donc, me direz-vous, fallait bien, en fin de compte, que la pomme de terre ait elle aussi son office. Mazette ! Un bâtiment, des locaux et tout un personnel au service exclusif de la reine de la table. La mission première de ce beau monde : … éplucher à fond le dossier du tubercule, nous pondre des… kilos de rapports afin de mettre fin à la… ratatouille de combines que les grosses… huiles de l’import-import et des frigos de stockage ont mis en place pour nous affamer. Mais alors, pourquoi diantre quand j’ai entendu «office national de la pomme de terre», je n’ai pu m’empêcher de penser à ces fameuses commissions d’enquête sur les inondations, sur les meurtres de présidents ou encore sur l’assassinat d’un jeune dans un commissariat ? De ces fameuses commissions que l’on crée lorsqu’on veut se débarrasser d’un sujet chaud ? Chaud comme une…patate ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L. 
 
 
 
La graine et le fruit 
 
A l’époque d’Ahmed Ouyahia, le frites-omelette, plat national, était coté à 50 DA sur les places boursières. Passé à 75, cause pénurie, cause imprévoyance, cause c’est comme ça, l’inflation aura atteint 50�ur un produit phare. Avec ce constat, Ahmed Ouyahia a jugé intelligent de critiquer son successeur, demandant, au lieu d’annuler les droits de douane pour les importateurs de pomme de terre, d’annuler les droits de douane pour les importateurs de semences de pomme de terre. Aux échecs cela s’appelle un coup d’avance mais en politique agricole, cela reste un coup dans l’eau. Importer de la semence ou de la pomme de terre ? La graine ou le fruit ? Un enfant sorti affamé de l’école fondamentale aurait suggéré de créer les semences sur place pour n’avoir à importer ni la graine ni le fruit. Mais la gestion alimentaire, si elle semble élémentaire, n’est pas du ressort de l’école fondamentale. Qui a pensé à créer des laboratoires de semences ? Tout le monde. Pourquoi ne fonctionnent-ils pas ? Les labos sont là mais ne produisent rien et ni Ouyahia ni Belkhadem n’ont d’explication, d’où leurs propositions d’importer moins cher. Par des opérateurs qui engrangent par là de gros bénéfices et comme le souligne Ouyahia, par des importateurs pas très honnêtes. Finalement, on ne récolte que ce que l’on n’a pas semé. Sans graine, l’Algérie subit, avec comme récolte une lourde facture alimentaire et une dépendance accrue. La graine n’a pas pris. En attendant d’importer l’eau et la terre, les fellahs et les pioches qui serviront à produire de quoi manger, remarquons que les gouvernants ont réussi à transformer l’Algérie en un immense tube digestif, noué et noueux, acide et opaque. Pourtant, il suffirait simplement de placer un cerveau en haut du dispositif. Un cerveau n’a besoin que de sucre pour fonctionner. C’est vrai, lui aussi est importé. 
 
Chawki Amari 
07.09.2007 
 
 
 
01 Septembre 2007 
 
Il promettait à ses victimes des interventions 
Un faux général escroc arrêté
 
Par : R. SALEM 
 
Après de longues investigations, les éléments de la Police judiciaire de la sûreté de Tiaret viennent de mettre la main sur un faux général de l’ANP, a-t-on appris d’une source bien informée. Le mis en cause, âgé de 59 ans et répondant aux initiales S. T., originaire d’El-Bayadh et résidant à Alger, usurpait la fonction d’un officier supérieur de l’ANP, tantôt colonel, tantôt général, pour escroquer, selon notre source, trois victimes prétendant à un poste d’emploi ou à une promotion. Au moment de son arrestation, ajoute notre source, ce dernier s’entêtait à régler les honoraires de réparation de son véhicule, une Passat dernier modèle, au mécanicien qu’il avait même menacé de représailles si jamais il insistait sur son dû. 
Arrêté, le malfrat a reconnu les faits retenus contre lui et a été présenté dans l’après-midi de mercredi dernier devant le procureur de la République. En marge de ce dossier, les mêmes services ont élucidé une autre affaire similaire relative à un faux colonel âgé de 40 ans. Ce dernier, aveugle de son état, faisait usage d’un téléphone pour intimider et impressionner un chef de service d’une institution étatique à propos d’une dame pour laquelle il a exigé certains avantages. Par ailleurs, la sûreté de Tiaret a enregistré pas moins de 400 interpellations durant cette dernière quinzaine qui s’est soldée par l’arrestation de 15 individus pour port d’armes blanches pour certains. 
 
R. SALEM  
liberte algerie 
 
Ce que ne dit pas cette depeche, c'est que s'il y'a proliferation de "faux generaux", c'est que les vraix existent aussi, et ces vrais Generaux, ne se contentent pas seulement d'assumer leur "fonctions" de Generaux, mais en plus inteviennent dans les affaires publiques, voila ou la justice devrait assumer sa vraie fonction, les faux disparaitront naturellement ! 
 
 
 
Mardi 28 août 2007 
 
L'homme au volant de cette voiture haut de gamme a été filmé à la sortie du cimetière El-Alia, le jour de l'enterrement du général Smain Lamari. Ce n'est pas un pilote de course, ni un touriste…C'est Layada, l'ancien chef du GIA, récemment libéré et qui, apparemment, n'a pas de gros problèmes de réinsertion après la prison. 
 
LE MOYEN ÂGE ! 
 
Par Hakim Laâlam  
 
 
« Augmentation du pain. Elle se confirme. La baguette va augmenter. Le pain complet va augmenter. Le pain rond va augmenter. Le pain de seigle va augmenter. Y a qu’à Larbaâ où le pain de …  
 
…plastic reste stable 
 
Ainsi, Alger serait classée bonne dernière dans le championnat des capitales du monde. C’est une étude britannique qui aurait scientifiquement, selon des critères comparatifs rigoureux, à l’aide de paramètres très précis décerné le bonnet d’âne à notre capitale. En plus d’être des gens sérieux, les Britanniques sont formels : en matière de stabilité, d’environnement, de santé, de services ou encore d’éducation, Alger est bonne dernière ! Si tu savais mon frère, Bel-Abbès ! Il faudrait une autre étude, et tu verrais mon frère que Bel-Abbès où l’on risque de mourir d’une maladie mystérieusement moyenâgeuse ne pourrait même pas figurer dans ce classement. Si tu savais mon frère Djelfa ! Tu verrais mon frère, qu’à Djelfa, on peut mourir de typhoïde à chaque coin de rue et de puits. Si tu savais mon frère, Bordj-Bou- Arréridj ! Tu verrais mon frère qu’à BBA, se faire inviter à un mariage ou à une quelconque fête équivaut à une tentative de suicide collectif. Si tu savais mon frère Constantine. Tu verrais mon frère qu’à Constantine, on peut crever d’un glissement de terrain à tout bout de champ. Si tu savais mon frère, Oran. Tu verrais mon frère qu’à Oran plusieurs générations d’Algériens sont nées et sont mortes sans avoir jamais bu une eau normale du robinet. Si tu savais mon frère… Et puis à quoi bon ! Tu sais tout cela mon frère. Et s’il te reste encore des doutes entre tes molaires, trace de ton dernier repas à la salmonelle, lis les papiers des correspondants et des envoyés spéciaux à Bel-Abbès. Ils résonnent à chaque paragraphe d’indiscrétions de médecins et de spécialistes qui imputent la «mystérieuse» maladie à la saleté, aux rats, à la vermine, aux décharges où pullulent les crapauds et les escadrilles de moustiques. Lis ces articles et ensuite va sur Internet, si tu en as la possibilité. Dans un moteur de recherche, Google par exemple, tape le mot «Moyen Age». Et tu verras mon frère ! Tu auras tout simplement l’impression de relire les reportages sur Bel-Abbès. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
 
H. L. 
le soir d'Algerie 
29.08.2007 
 
SI UN VERROU SE FERME, C’EST QU’IL PEUT S’OUVRIR ! 
 
 
Mohamed Lamari prépare un nouvel album. 
 
La menace est prise très au sérieux
 
 
Un Premier ministre mis en examen. Je regarde et re-regarde les images de cet homme, grand de taille, le cheveu cendré et gracieusement dompté qui sort d’un long «essorage» chez un juge et qui confirme : «Oui ! J’ai été mis en examen sous les chefs d’inculpation suivants…». Un président de la République entendu un long moment par un juge. Il n’y a pas d’images que je puisse regarder et re-regarder. Mais cet homme, grand de taille et le cheveu rare, a bien été entendu et essoré lui aussi. La chose est presque irréelle dans mon entendement d’Algérien. J’ai beau me dire que c’est cela la norme, que c’est cela la justice au-dessus de tout le monde, que c’est cela la règle, ça reste trop «surprenant» à mes yeux. Dans la culture que l’on m’a inculquée 45 ans durant, un chef de l’Etat ne peut pas être entendu par la justice, encore moins être mis en examen. Il peut juste être victime d’un coup d’Etat et mis en cabane ou, plus définitivement, se faire liquider en direct live quelques jours à peine après son retour au pays. Mais entendu par la justice ? Jamais ! Impensable ! Bien sûr, les initiés de la vie politique française vous diront que Chirac et de Villepin font les frais de la rage vengeresse de celui qu’ils ont tenté de faire tomber et qui a accédé à la magistrature suprême. Oui ! C’est juste. Mais la rage vengeresse chez nous ne mène jamais un ancien président ou un ancien Premier ministre devant le juge d’instruction. Quitte à me répéter, ça ne mène que vers les redressements révolutionnaires ou la main vachement « isolée » d’un petit lieutenant des services de sécurité. Jamais dans le bureau d’un magistrat instructeur. Pourtant, vengeance ou pas, la citoyenneté se construit aussi et surtout autour de la conviction qu’un président de la République, qu’un chef du gouvernement peuvent démocratiquement et de façon civilisée tomber. Rendre des comptes de leurs actes. Croire en la justice de son pays ne se décrète pas un matin, au saut du lit, par ordonnance officielle. Ça se vit. Et ce ne sont pas les motifs qui manquent. Ici. Et aujourd’hui. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
 
 
Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr 
27.07.2007 
 
Ce que vous devez savoir sur la corruption en Algérie 
 
Par Kamel Daoud 
 
Pour se représenter la politique de lutte contre la corruption en Algérie, il faut se représenter un lutteur spécialiste de la lutte greco-romaine qui lutte contre lui-même, sous les yeux d’une foule qui regarde ailleurs. 
 
Un observatoire de la corruption en Algérie ou une politique contre l’argent sale et les pots-de-vin sont pour la consommation des médias ou celles des opinions occidentales à attirer. Un petit patron algérien privé y croit autant que l’on croit, aujourd’hui, au socialisme. Le premier constat est que la corruption n’existe pas en Algérie, c’est pourquoi on ne peut pas lutter contre. On ne la voit jamais, mais il arrive que l’on puisse en sentir les lignes de forces et l’univers discret et pesant dans les propos d’un petit patron algérien qui tente sa survie dans le complexe général de cette industrie libre et qui se laisse aller à la confidence. Elle a ses règles qui sont strictes et obéit à des normes qui lui assurent la marge clandestine. 
 
- 1° «D’abord l’humilité», nous expliquera un jour un Algérien propriétaire d’une petit complexe touristique en Algérie. «La plus grave faute, lorsque vous êtes un privé et que vous avez un problème à régler ou un agent à souffrir, est de croire que vous pouvez casser le chantage d’un petit agent de l’Etat qui vous demande sa part, en allant se plaindre à son chef ou à son seigneur à Alger. Le résultat possible est que le patron de cet employé vous demandera plus que ce que demandait son subalterne pour vous régler le même problème. Ceci dans le meilleur des cas, c’est-à-dire celui où l’affaire est encore négociable dans la discrétion». L’autre possibilité est que le patron vous demande de payer son «intervention» puis vous laisse tomber dans les bras de son subalterne qui va vous faire payer dix fois la prestation en y mettant le prix d’une longue hésitation, de faux rendez-vous et de petites colères «destinées à vous inculquer, une fois pour toutes, les rapports de force» et la véritable hiérarchie du réel. 
 
- 2° «La deuxième des règles est celle de la lucidité», continue notre témoin. «L’erreur à ne jamais faire c’est d’étaler le problème en public, recourir à des journaux ou à la justice ou aux procédures de recours administratifs. C’est une grosse erreur car vous oubliez que vous ne pouvez rien prouver car la corruption n’existe pas et reste impossible à démontrer. Ce que vous en récoltez c’est le malheur d’être définitivement grillé dans le circuit des affaires. Vous devenez infréquentable, peu sûr et donc peu efficace pour vos affaires et les affaires des autres. Certains ne vont plus vous recevoir dans leurs bureaux par la suite et là, si vous êtes un homme d’affaires, votre affaire est une affaire qui vous reste sur les bras. Un certain nombre de vos demandes de dossiers de crédits, de facilités, d’investissements et d’autorisations vont prendre le long chemin du pèlerin qui va à pieds à La Mecque. Chaque étage de la machine algérienne aura son idée sur vous et tout le monde va vous expliquer indirectement que puisque vous avez choisi la loi et ses procédures, l’administration va faire la même chose jusqu’à ce que vous fêtiez votre 70ème anniversaire», résume avec humour notre témoin. Dans le milieu, il y a la solidarité et «une affaire peut être négociée à l’amiable tant qu’elle n’a pas atteint la surface». «Si vous vous amusez à vous défendre en public, c’est tout le monde qui se ligue contre vous. 
Même vos propres amis dans les affaires puisque vous leur portez préjudice d’une certaine manière». 
 
- 3° «La troisième règle est la perspicacité». Notre bonhomme est un bonhomme qui travaille dans le tertiaire, en Algérie. «Lorsque vous avez une affaire, vous apprenez très tôt à calculer la marge nécessaire des gratuités des services». Chaque secteur du complexe-Etat a son quota de jours gratuits et de prise en charge totale, à l’oeil. «Etre un bon patron, c’est savoir calculer cette marge pour ne pas faire sombrer le complexe hôtelier dans la ruine, mais aussi bien distinguer dans le lot des demandeurs ceux qui peuvent vraiment vous faire mal et ceux qui ne sont là que pour tester votre docilité. Cela n’est pas souvent évident et il faut en la matière avoir une longue expérience. Un petit agent d’une administration annexe que vous négligez sera peut-être, un jour, à l’origine d’une brigade de contrôle qui vous fera payer ce qu’un gros cadre de l’Etat aurait été incapable de vous faire subir». L’équation est mathématique, mais fonctionne à l’intuition pure. La paix absolue s’obtient en offrant le gîte et le couvert -et la boisson- gratuitement, à tout ce beau monde de la prédation para-administrative et donc fermer boutique à la fin de la saison. «L’autre solution est de demander à tout le monde de payer ses vacances comme tout bon citoyen algérien, mais là aussi on risque de se faire fermer la boutique à la fin de la saison pour une histoire de conformité d’un plafond avec un texte datant de 1967». «Le problème en Algérie c’est que l’on ne sait pas toujours qui commande qui et qui il faut payer. Contrairement au Maroc ou à la Tunisie, la corruption en Algérie n’est pas organisée et ses adresses sont floues. On perd un temps fou à distinguer dans le labyrinthe «Qui commande qui?», pour pouvoir payer là où il faut, la personne qu’il faut et dans le temps qu’il faut. 
 
- 4° «La quatrième règle est celle de la prévoyance». C’est un autre bonhomme de l’Algérie qui négocie sa présence dans le privé algérien qui nous l’explique. «Il faut être à l’écoute des nouvelles nominations et faire acte d’allégeance le plus vite possible. Lorsque vous êtes convoqué pour un prétexte futile dans un bureau quelconque, prévoyez quelques invitations d’honneur pour une prochaine réception, découvrez quelques relations communes, de préférence anciennes ou familiales pour ne pas multiplier les pourcentages et ayez à l’esprit de montrer votre disponibilité pour un quelconque service futur éventuel. C’est chez vous que votre haut cadre doit se sentir chez lui». Et dès les premiers jours du marquage du territoire et du test des pouvoirs. 
 
- 5° «La patience et la rapidité dans l’intuition». «Lorsque vous êtes coincé et que vous voyez que toutes vos démarches légales se heurtent à des refus presque systématiques, dans des administrations pourtant cloisonnées et qui, apparemment, n’ont aucun rapport entre elles, il vous faut comprendre qu’il y a un super gros parrain, très, très haut placé, une sorte de guichet unique qui vous indique son chemin et le chemin de son bureau de la manière la plus subtile. Bien sûr, vous ne verrez jamais cette personne, mais comme vous en reconnaîtrez l’émissaire à l’instant même où il se présente à vous. L’intermédiaire ne vous vendra rien sauf le temps, mais c’est justement cela que vous voulez gagner. Le temps que vous auriez pu dépenser à attendre un cachet humide, une autorisation ou un accord écrit pour votre projet. 
Sa facture n’a rien d’illégale, elle est même la bienvenue. Si vous cherchez un terrain, il vous le trouve, même sous les pieds d’un wali ou dans un cimetière grec. Il vous le fournit au prix de l’Etat, avec les papiers de l’Etat et les actes de l’Etat. Ce que vous lui payerez, peut-être quatre fois plus que ce que vous avez acheté, c’est le miracle de la rapidité». Bien sûr c’est illégal et immoral. «Mais les choses fonctionnent ainsi et personne ne va en guerre contre ces règles sans finir comme salarié, ou pire, comme petit prête-nom». 
 
-6° «La profonde conviction que tout est fragile». «Avec de telles règles pour faire fortune ou seulement défendre la sienne, il faut être idiot pour ne pas comprendre que toute entreprise est presque un jeu de hasard, de baraka et de ruses et d’homonymes. On fait des affaires parce qu’on comprend d’abord comment elles se font et avec qui. Avec la marge magique on gagne certes du temps, mais ce gain est précaire car, du coup, on n’est couvert que par des noms et des personnes qui peuvent partir un jour ou l’autre». Si la corruption fait gagner du temps, elle introduit aussi son client dans l’univers des humeurs, où tout dépend de tout et de rien. «On peut gagner gros, mais aussi perdre le tout. Avec de telles règles de réussite, l’entreprise algérienne du privé en est encore à la mentalité de l’opportunité, de la razzia et de la bonne affaire». 
 
«La conclusion: l’économie algérienne n’est pas encore au stade du marché libre: c’est une économie qui passe de l’époque du «dirigé» à celle des rapports de force».  
 
Quotidien d'Oran 
 
Ah, qu’elle est jolie la vie en Algérie ! 
 
 
 
par Mohamed Badaoui 
 
Si, comme il est dit officiellement, le niveau de vie des Algériens est bon, alors qui sont ces gens à la mine grise et à l’allure si pauvre qui peuplent le pays ? A cause du problème du logement, les citoyens, dans leur majorité, dorment mal et font des cauchemars en pensant au lendemain. 
 
A cause de la cherté des produits alimentaires, ils mangent médiocrement, sans viande, sans poisson, sans fruits et sans goût. A cause de la pénurie d’eau, ils se lavent épisodiquement et ne plantent pas de fleurs. A cause de la dégradation de l’éducation scolaire, ils sont de moins en moins cultivés et qualifiés. 
 
A cause de l’insécurité due au terrorisme et à la délinquance, ils sont toujours inquiets. A cause de la bureaucratie, ils perdent la plupart de leur temps dans les dédales des administrations. A cause de la corruption, ils n’ont plus de droits sans graisser la patte ou sans faire la carpette. 
 
A cause du chômage, ils vivent sous l’empire du défaitisme, de la dépression, de la colère, de l’intolérance, de l’extrémisme et, parfois, de l’autodestruction. A cause du manque de loisirs, ils transforment leur sang noir en combustible de l’ennui et du dégoût. 
 
A cause de toutes ces raisons et de bien d’autres, ils se marient de moins en moins, sinon tardivement, et pratiquent, par conséquent, rarement leur libido. Ce dernier défaut produit d’ailleurs parmi eux de nombreux fous furieux. Oui, les Algériens vivent bien, mais au sens philosophique seulement.  
 
le jeune independant 
21.07.2007 
 
AH ! ELLE EST BELLE LA VITRINE DE L’ALGERIE ! 
 
 
 
Aboujerra Soltani à propos de l’attentat kamikaze contre une caserne de Lakhdaria : «Les auteurs n’ont rien à voir avec nos valeurs.»
 
 
Mais si, mais si ! 
 
Voilà ! Et l’on voudrait lutter contre le terrorisme avec çà ! Un ambassadeur en poste, au Caire, Abdelkader Hadjar pour le nommer, représentant de l’Algérie auprès de la Ligue arabe et qui déclare ceci Al Qaïda n’existe pas en Algérie. C’est une invention des Américains ! Hadjar, ce n’est pas mon voisin de palier. Hadjar, ce n’est pas le passant qui passe. Hadjar, ce n’est pas mon marchand de légumes bavard au diable. Hadjar, ce n’est pas la petite pipelette qui aime s‘entourer d’oreilles attentives et crédules au café du coin. Hadjar est un représentant officiel de l’Algérie. Il est ambassadeur de la RADP dans l’une des capitales qui comptent le plus aujourd’hui en termes de diplomatie, de tractations dans les grands conflits et de médiations. Hadjar est l’une des personnes théoriquement triées sur le volet pour parler en lieu et place de l’Algérie à l’étranger. Et que dit le sieur Hadjar ? Que Al Qaïda Maghreb n’existe pas. En clair, lorsque le GSPC a décidé de passer avec armes et bagages sous la bannière d’Al Qaïda, qu’il a annoncé cette «transhumance» par le biais d’un communiqué hyper authentifié par tout ce que comptent comme experts les forces de sécurité algériennes, c’était, à en croire ce cher ambassadeur un canular, une belle vacherie de Bush et de la Maison Blanche. Je trouverai normal que Hadjar, le représentant officiel de l’Algérie auprès de la Ligue arabe aille expliquer sa «formidable» théorie aux familles des militaires explosés par le camion kamikaze dans une caserne de Lakhdaria. Et s’il a encore un peu de temps dans son planning chargé d’ambassadeur de la RADP au Caire, que Son excellence aille aussi exposer sa «fabuleuse» théorie aux familles des victimes du double attentat du 11 avril dernier. Et s’il a encore un petit chouïa de temps à tuer, que l’honorable représentant de l’Algérie aux pieds des pyramides tente d’expliquer aux familles des deux diplomates algériens enlevés et assassinés en Irak que Al Qaïda ne cible pas l’Algérie et ne l’a pas inscrite comme objectif à infiltrer, à gangrener et à désintégrer à plus ou moins long terme. Qu’il y aille ce cher ambassadeur ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
 
Hakim. Laalam 
le soir d'algerie 
15.07.2007 
 
 
 
 
Message glané sur un forum algerien ( dzfoot ) sur l'attentat de Lakhdaria : 
 
Mer Juil 11, 2007 10:36 pm Sujet du message: Lakhdaria, c'est vraiment la ville symbole de la décennie noire. Le GIA a été constitué sur les monts de Zbarbar, à qques kms, ca a toujours été le point de regroupement des groupes armés pour attaquer Alger et la mitija à l'ouest ou Tizi/Boumerdès à l'est. C'est aussi dans la région que se sont constitués les premiers groupes d'autodéfense vraiment organisés (si on ne compte pas ceux héroïques d'Igoujdal). Qui n'a jamais tremblé en prenant la RN5 sous le pont de Lakhdaria. Ceux qui ont vécu à Beni Amrane/Khemis El Khechna/Lakhdaria savent ce que le mot terreur signifie...  
kamel,moderateur 
 
 
 
8 juillet 2007  
La question de l’anniversaire
 
 
21 de plus. Chaque année, à l’occasion de la fête de l’indépendance, des officiers sont promus et entrent dans la confrérie des généraux qui, dans l’imaginaire populaire, est plus proche d’une caste de dieux du bien et du mal que d’une simple catégorie de militaires. Zéro à l’indépendance, plus d’une centaine aujourd’hui, l’Algérie y a-t-elle gagné ? Car s’ils ont bonne figure et bonne presse parce qu’ils ont lutté efficacement contre le terrorisme, ce qui est par ailleurs leur fonction, ce n’était pas le cas il y a quelques années, où dans l’opinion générale et les dessins de presse, un général est d’abord gros et riche, mais surtout possède une redoutable influence sans pour autant en avoir la responsabilité politique. Un général n’est pas élu, n’est issu d’aucun parti, fait de la politique sans agrément et n’est pas concerné par les changements de Président ou de gouvernement. Les militaires ont-ils encore ce pouvoir que tous les Présidents, y compris l’actuel, ont dénoncé en coulisses ? On dit que non, le Président ayant fini après ses prédécesseurs de déterminer leur limite politique en leur octroyant la possibilité par de faciles facilités de crédit de devenir des hommes d’affaires, ce qu’ils sont pour un certain nombre d’entre eux. En effet, on ne compte plus le nombre de généraux s’étant reconvertis dans les affaires, eux ou leurs enfants. Mais ont-ils vraiment laissé en échange la conduite du pays aux civils ? C’était la question du 45e anniversaire, à laquelle personne n’a jugé utile de répondre. Pourtant, régulièrement, un escroc se faisant passer pour un haut gradé de l’armée est arrêté pour usurpation de fonction. Pourquoi ne pas se faire passer pour un ministre, un juge ou un élu ? Cela voudrait dire qu’un général se passe encore de commentaire et peut faire en théorie tout ce qu’il veut. Les escrocs ont donc répondu à la question. 
 
Chawki Amari 
elwatan 
Tranche de Vie  
07.07.2007 
Des choses 
par El-Guellil
 
 
 
Ne nous parlez ni du Sahara occidental, gharbia à nos soucis, ni des tiraillements et des calculs politico-politiques que cela implique. Que le président français vienne pour une visite éclair ou une rencontre mille-feuille, ça va changer quoi pour nous autres ? Qu'il passe en premier ou en dernier, qu'il transite par Tunis pour ne pas aller au Maroc, ou par Alger pour taquiner Tunis ? Il est où le changement pour la plèbe ? Qu'il propose une Union méditerranéenne à nous autres incapables à une Union maghrébine, il est où le changement pour les ouled el-bled ? Nous, on est d'accord pour une UMA, il n'y a même pas besoin de nous consulter pour ce faire. Oui, oui, mille fois oui, pour une Union des Msarine Arabes. Mais ne nous parlez pas d'autre chose. D'ailleurs vous avez réussi à faire de sorte à ce qu'on ne pense qu'à nos tubes digestifs. Vous nous avez tellement alimentés par de faux problèmes que lorsqu'il s'agit de vrais problèmes, on ne se sent plus concernés. Que l'arabe soit langue nationale, que le tamazight soit enseigné à la maternelle, que le français, que l'anglais, que le chinois, ouine el-mouchkil quand il y a pénurie de pomme de terre. Quand la langue du travail est étrangère dans tous les amphis. Quand la langue du travail a déserté toutes les académies. Quand le silence règne. Quand règne le silence sur tous les maux. Ne nous parlez pas de lutte contre... vous ne luttez que pour le maintien de vos avantages. Ne nous parlez pas de lutte contre... vous ne luttez que pour le bien-être des vôtres. Les nôtres ne sont que cobayes, bons pour toutes les expérimentations et la politique du tâtonnement. Les nôtres ne conjuguent que le verbe fuir à tous les temps et voter de temps en temps. Ne nous parlez pas de programme du gouvernement quand on est incapable d'élaborer un programme de télévision.  
 
L’Algérie entre l’éveil et le renoncement (*) 
Par Yasmina Khadra
 
 
 
(*) Tribune publiée par le quotidien le Soir d'Algerie et l'Espagnol El Pais le vendredi 1er juin 2007. 
 
 
 
 
Qu’est-ce qui manque le plus aux moines ?... 
Un autre son de cloche ! 
Dans ce monastère triste et désœuvré qu’est devenue l’Algérie, tous les clochers sont en berne. Félés, misérables et laids, ils continuent de sonner le glas de nos espérances. C’est la fanfare préférée de nos gouvernants, constamment en prières, genoux au pied du seul dieu dont ils se réclament : le Pouvoir. 
 
Depuis l’indépendance du pays le 5 juillet 1962, les faux dévots du régime refusent de se relever, de relever la tête pour voir le gâchis qu’ils occasionnent à cause de leur entêtement à imposer une conduite obsolète et stérile et que tout le peuple décrie. Ils refusent de se remettre en question et de se mettre au travail. Quel travail ? Ils n’ont jamais su ce qu’il signifie. Hypocrites, ils s’évertuent à nous casser les oreilles à coups de slogans creux, nous infantilisant, nous abrutissant d’année en année, d’élections bidon en élections contre nature, jusqu’à nous rendre complètement fous. Ces artisans de nos déconfitures n’arrêtent pas de nous décevoir. A chaque banqueroute, ils nous promettent de revoir leurs copies et de se corriger, et oublient l’essentiel : ce ne sont pas leurs copies qui sont en cause, mais eux-mêmes. Lors des dernières élections législatives, le peuple algérien a été clair. En n’allant pas voter, il leur a signifié qu’il ne voulait plus d’eux. Jamais taux d’abstention n’a été aussi péremptoire et expéditif. Ce cri de désespoir a-t-il été entendu ?... Non ! Le système sclérosé cherche à se maintenir coûte que coûte, grâce à ses hypocrisies. Les mêmes incompétences nous proposent les mêmes malheurs. Les mêmes opportunistes menacent notre hypothétique devenir. Que faire ? Où donner de la tête ? A quel saint se vouer ?... C’est la perplexité, le dégoût, la rage au cœur qui officie dans nos rues. Qu’attendre d’un système en total décalage avec la mondialisation effrénée en train de bouffer la planète entière ? Qu’attendre d’une gouvernance qui a sinistré nos écoles et nos universités, mis à genoux nos institutions et nos entreprises, aggravé la fuite hémorragique de nos cerveaux, élargi les fractures sociales, dénaturé les rapports humains, avili la citoyenneté, travesti nos rêves, dénaturé nos aspirations avant de creuser le lit de la déferlante islamiste et jeter le pays dans la crue des horreurs et du sang ? Les années de terreur et d’assassinats, les milliers de morts et d’attentats n’ont toujours pas éveillé nos gouvernants à la réalité des choses. Nos villages massacrés, nos villes abâtardies, nos idoles immolées comme les moutons de l’Aïd n’ont finalement servi à rien. Les mêmes gueules nous narguent du haut des tribunes, la même épée de Damoclès surplombe nos nuques basses. Après tant de deuils et de traumatismes, le peuple algérien se retrouve à la case départ, otage du même système pourri et face aux mêmes incertitudes. La corruption a atteint des proportions sans précédent. Pour vous faire délivrer un extrait de naissance ou le moindre document à la mairie, il vous faut graisser la patte. Tout le monde rackette tout le monde : le guichetier, le flic, l’administrateur, le plombier, l’éboueur, le boucher. Les dépassements, les injustices et les humiliations quotidiennes sont en passe de transformer notre pays en une jungle inextricable et mortelle. Devant un tel fiasco, la colère attend d’autres discours séditieux pour replonger la société dans une nouvelle décennie noire alors que l’on n’a pas fini de faire le deuil de celle du terrorisme. Les Algériens sont fatigués. Ils sont conscients des malheurs qui les guettent, mais le système s’en fiche. Nos gouvernants ne pensent qu’à leurs fonds de commerce, leurs petites magouilles et leur trafic d’influence. Même les fauves sentent le danger. Pas nos gouvernants. Ces derniers sont insatiables, inconscients, toujours à l’affût du filon, jamais alertés par leurs abus ou la dangerosité de leur irresponsabilité. Aujourd'hui, notre jeunesse touche le fond. Elle ne voit que deux issues : rejoindre l’Europe ou rejoindre le terrorisme. Elle n’a pas d’autres choix car rester au pays, à l’ombre des murs, c’est accepter de moisir comme des fruits précoces tombés de leurs branches. Tous les soirs, des groupes d’adolescents sautent sur des embarcations de fortune et mettent le cap qui sur l’Espagne, qui sur l’Italie, prêts à mourir noyés dans la mer obscure plutôt de subir un jour de plus l’état de désolation plurielle qui sévit au village ou dans le quartier. Tous les matins des initiatives heureuses sont repoussées par une administration stalinienne, des tentatives d’investissement, des études pour la relance économique, de véritables bouffées d’air sont proposées par de jeunes entrepreneurs, et chaque fois, le système les décourage en leur opposant des démarches bureaucratiques insensées et des pots-de-vin de quoi soûler la terre entière. Pourtant, l’Algérie n’est pas morte. Elle regorge de talents, par endroits de génie. Elle est encore aimée par ses enfants qui ne demandent qu’à lui venir en aide. Je les ai rencontrés en Europe, en Asie, aux USA, partout où je suis allé. Ce sont des hommes et des femmes splendides, des énergies colossales, des chances inouïes qui ne rêvent que d’une chose : rendre à l’Algérie sa beauté, sa dignité, ses rêves perdus. Nous avons un pays fantastique, riche et encore vierge, un eldorado en jachère, un futur grand Etat capable de rayonner sur la Méditerranée. L’Algérie est une Amérique qui s’ignore. Elle rassemble toutes les potentialités pour rivaliser avec les pays de la rive d’en face, participer à l’essor du Bassin méditerranéen et contribuer à l’émancipation du Maghreb. C’est là une réalité évidente, mais il existe une autre incontournable : le système doit disparaître. Nos gouvernants doivent comprendre que leur place est au musée de la Bêtise humaine ou bien à la fourrière. Il faut qu’ils cèdent la place à la fraîcheur des énergies nouvelles, modernes, cette élite qu’ils ont chassée ou disqualifiée, ces Algériens porteurs d’espoirs et de compétence, beaux comme leurs rêves, purs comme leurs convictions. Alors seulement une ère flamboyante s’installera dans mon pays où l’islamisme, né de la décadence et des humiliations, n’aura aucune raison d’être, où la démocratie, le travail, la liberté et l’intelligence seront les grands repères des Algériens de demain et de toujours. 
Y. K. 
 
 
"El Djazaïr" qui porte si bien son nom... 
 
 
 
C’est incroyable ! On dirait qu’ils ont un gars chargé, chaque matin, de dénicher ce qui marche. Au lieu de s’occuper de ce qui ne fonctionne pas correctement dans ce pays, ils ont cette extraordinaire capacité de repérer, au milieu de la jungle de la gabegie, cette petite merveille qui continue de faire tic-tac toute seule… Et là, ils piquent une grosse colère : «Ce n’est pas normal ! Il faut arrêter ça !» 
 
L’hôtel El Djazaïr est géré par des Algériens. Les clients les plus prestigieux y séjournent et sont satisfaits des conditions d’accueil, de la sécurité et du service. Pourquoi le privatiser, en tout ou partie ? Nous ne gagnerons absolument rien à confier la gestion de cet établissement phare de notre secteur touristique, à des étrangers ! 
Veulent-ils supprimer les preuves de notre compétence, les sources de notre fierté ? Ainsi, demain, ils diront du même hôtel : «Si ça marche, c’est à cause des Saoudiens ou des Chinois ! Les Algériens? Des incapables !» Nous sommes tous concernés par le sort d’El Djazaïr… 
farahmaamar@yahoo.fr 
 
«Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés.» 
Proverbe indien 
 
le soir d algerie 
10.06.2007 
 
Chronique (Lundi 11 Juin 2007) 
 
Il était une fois le collège de Thénia 
 
Par : Mustapha Hammouche 
 
Un camp d’entraînement du GSPC pour enfants aurait été découvert aux alentours de Thénia. C’est-à-dire aux environs d’Alger, puisque le faubourg en question se trouve à moins de cinquante kilomètres de la capitale. Treize de ces enfants qui ont entre 14 et 18 ans ont été arrêtés. Trois d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt, dix autres ont été relâchés, rapporte l’article qui relate le fait, sans préciser les conditions de cette liberté. On ne sait si leur liberté est assortie de quelque attentif encadrement. Mais, me direz-vous, en matière de répression, le terrorisme est devenu, par la loi, et depuis bien longtemps une circonstance atténuante. 
Ces adolescents de Thénia et des alentours manient déjà le PA et la kalachnikov et partageaient leur temps entre le collège ou le lycée et un camp d’entraînement de desperados. J’apprends l’histoire de ces apprentis tueurs entre l’examen du BEM et celui du baccalauréat ! Lisant des banalités du genre “les sujets étaient abordables” ou “le taux de réussite à l’examen de sixième a doublé”. Quelles dérisoires annonces devant le tragique d’une réalité où les gosses peuvent allègrement passer du collège au maquis ! Il faut tout de même un sacré ratage éducatif pour que cela soit socialement possible. 
Cette chronique s’est toujours efforcée de ne pas céder au péché de l’ego, mais je ne peux m’empêcher de comparer l’usage qui est fait des enfants d’aujourd’hui avec le traitement dont ma génération d’enfants a joui, en particulier dans le collège de mon adolescence à… Thénia, de la part de responsables politiques et pédagogiques, à l’époque bien moins dotés en moyens que les dirigeants et éducateurs d’aujourd’hui. 
Pas de lycée à Thénia jusqu’au milieu ou à la fin des années 1970. À peine deux collèges pour six communes ! Mais les proviseurs des établissements avoisinants, les lycées de Dellys (Technique), d’El-Harrach (Abane-Ramdane) et de Bab El-Oued (Émir-Abdelkader) s’en souviennent sûrement : passer d’un collège à un lycée n’était pas une formalité, mais venir d’un CEG, comme celui de Thénia, constituait une assurance pour l’établissement qui accueille. 
Monsieur Rezé, ex-directeur du CEG, est parti vendre des livres dans sa Bretagne natale. De savoir que d’actuels élèves de son ancien collège font du terrorisme en guise de travaux pratiques doit le faire retourner dans sa librairie, ou sa tombe. Monsieur Hasbellaoui, promu cadre de l’enseignement, doit se mordre les doigts de savoir que ce qu’il a pu faire pour nous, il n’a pas pu le faire pour nos enfants. Madame Cheheb ou Mademoiselle Vennat ont-elles pu continuer à orienter les adolescents comme elles le faisaient à Thénia, avec l’efficacité de jeunes femmes engagées qui montraient le chemin à des élèves qu’elles dépassaient d’à peine quelques années ? 
Les forces qui ont programmé la déchéance pour que la médiocrité parvienne puis se maintienne au pouvoir ont eu raison de la volonté de ces résistants de l’éducation. Ils ont l’hommage quotidien et silencieux de leurs élèves. Mais, vous, qui vous célébrera ? Des futurs adultes aujourd’hui livrés aux ferments de l’ingratitude : un savoir approximatif, un discours irrationnel et haineux ? 
 
M. H. 
11.06.2007 
 
 

 

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Modifié en dernier lieu le 14.01.2008
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